François Rouquet & Fabrice Virgili – Les Françaises, les Français et l’épuration
Editions Folio
Prix : 11,90 € – ISBN :  978-2070445226 – Parution : 3 mai 2018 – 832 pages

« Alors que l’orage s’éloigne, une tâche immense s’impose à tous les Français : celle de refaire notre belle France que les nazis ont souillée de leur présence ». Cet écho du Travailleur de l’Oise en octobre 1944 illustre la démarche de ce livre : s’attacher non plus à la seule étude politique et institutionnelle de l’épuration, mais, dans la veine d’une historiographie renouvelée, aux Françaises et aux Français face à l’événement. Il y a une évidente dimension populaire de l’épuration. Il s’agit non pas du catalyseur des « excès de la foule » qui déborderait les nouvelles autorités, mais au contraire d’un mouvement antérieur à l’installation du pouvoir politique à la Libération. Deux dynamiques coexistent en effet dès le début de l’Occupation. L’une, en France, souterraine mais qui s’étend, lente et silencieuse, menace les traîtres et, l’heure venue, veut les tuer ; l’autre, à Londres, puis dans les autres terres d’exil, réfléchit à la justice et à ses normes et prépare des ordonnances. Ces dynamiques, disjointes, se conjuguent finalement au moment de la libération des territoires dans une grande diversité de situations. Cette histoire sociale de l’épuration prend en considération également la question du genre : les relations entre les femmes et les hommes ne sont pas seulement perturbées durant la guerre, leurs identités respectives le sont également et durablement. La volonté de régénération de la patrie et des moeurs, notamment des moeurs féminines, explique l’ignominie des tontes. C’est donc dans un cadre géographique et social élargi que cet ouvrage envisage l’épuration : du village au pays tout entier, jusqu’au continent et à l’Empire ; de l’intimité du domicile et de la famille au bureau, à l’usine ou au champ, de la rue au tribunal, des Maquis aux prisons.François Rouquet est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Caen-Normandie et directeur du laboratoire HisTeMé (ex-Centre de recherche d’histoire quantitative) où il anime l’équipe Seconde Guerre mondiale. Il est également membre du conseil scientifique du mémorial de Caen et du comité de rédaction de la revue Genre & Histoire. Ses travaux portent sur le genre, les guerres mondiales et le cinéma. Directeur de recherche au CNRS, Fabrice Virgili travaille au sein de l’UMR Sorbonne-Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe. Il est spécialiste du genre et des guerres mondiales. Membre de l’association Mnémosyne et du comité de rédaction de la revue Clio. Femmes, Genre, Histoire, il anime également l’équipe Genre & Europe du Laboratoire d’excellence Ecrire une histoire nouvelle de l’Europe (EHNE).